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Alain Merour

Portrait d'Alain MEROUR, webmaster et responsable de la mission e-Aviation

04/04/2017

« Avant d’être aviateur, j’ai d’abord été marin. Ayant grandi les pieds dans l’eau en Bretagne, mon attention s’est d’abord et tout naturellement portée sur la mer. Pendant toute mon enfance, j’ai ainsi fait de la voile. Mon bac en poche et après avoir fait maths sup/maths spé, j’ai passé plusieurs concours, dont celui de l’ENAC (École nationale de l’aviation civile, NDLR). Reçu à l’écrit et à l’oral, j’ai passé les tests psycho-techniques, puis la sélection en vol qui durant tout un été se déroulait à Saint-Yan (Saône-et-Loire). Rescapé d’une sélection sévère, s’est alors posée la question de savoir si j’allais poursuivre dans cette voie ou alors me diriger vers d’autres horizons. Jusqu’à cette époque, je ne connaissais rien à l’aviation. J’ai vraiment découvert cet univers lors de ces épreuves.

Comme j’avais pris goût au pilotage, j’ai alors décidé de suivre cette formation qui a duré au total quatre ans (deux ans de théorie, deux ans de pratique). Sorti de l’école, j’ai intégré Air France. D’abord comme stagiaire copilote sur Caravelle pendant un été. Puis, à la fin du service militaire que j’ai effectué dans l’Aéronavale, à la postale où j’ai commencé par voler sur Fokker 27 et Transall. Après sept années consacrées au transport du courrier, que j’ai adorées, j’avais hâte de faire du long-courrier. Je voulais découvrir le monde. Voir ce qui se passait à Tokyo, aux États-Unis, en Amérique du Sud… J’ai alors piloté sur Boeing 707, puis sur Boeing 747-200.

Après avoir exercé pendant quatorze ans comme copilote, je suis devenu commandant de bord. Une autre vie a commencé. D’abord sur Boeing 727 puis sur Airbus 310, avant de terminer ma carrière sur Boeing 747-400. Être aux commandes de tous ces appareils était passionnant !

Entre-temps, Aviation Sans Frontières avait été créée. Dans les premières années de l’association, la relation avec le personnel d’Air France était très forte. Il était évident pour beaucoup d’entre nous d’y prendre une cotisation. J’ai donc très tôt adhéré à Aviation Sans Frontières. Ce n’est que bien plus tard que je suis devenu bénévole. Mon épouse avait rejoint l’association en 1987 et avait en charge la gestion des adhésions/donateurs avec, pour seul outil la gomme et le crayon. Un petit ordinateur IBM à écran vert était son outil de travail, mais rien à voir avec ceux d’aujourd’hui, ses capacités étaient limitées. C’était les balbutiements de l’informatique. Comme je suivais avec beaucoup d’attention cette révolution, (j’étais sur A310, premier avion de ligne où l’informatique pointait son nez), le président de l’époque, André Fournerat, m’a demandé de venir voir ce que je pouvais faire pour améliorer les choses de ce côté-là. C’est comme cela que je suis devenu bénévole à Aviation Sans Frontières.

Petit-à-petit, parfois à tâtons, l’informatique s’est développée jusqu’à ce que l’ordinateur se banalise et devienne un outil indispensable pour accompagner l’évolution de notre ONG.

Quand je me suis retrouvé à la retraite, en 2005, mon engagement dans l’association s’est intensifié. Notre partenariat avec Microsoft s’était bien développé et parmi les salariés de la multinationale, Amar était un passionné d’aviation. Il était en outre président de l’aéro-club de Paris-Sud (ACPS) à Toussus-le-Noble. Un lieu unique et fabuleux qui a vocation à accueillir des publics qui ne seraient pas toujours bien vus ailleurs, parfois en rupture sociale.

Un jour de 2006, il nous a demandé d’organiser une journée Ailes du Sourire. Tandis que certains des participants partaient en vol, d’autres avaient été invités à s’exercer aux joies du pilotage grâce au simulateur Flight Simulator dont disposait l’aéroclub. Fascinés, certains ne voulaient plus décrocher. Cet engouement pour le pilotage nous a alors donné une idée, celle d’accueillir des jeunes en difficulté et de leur faire découvrir l’aéronautique et, pourquoi pas, de susciter des vocations. Un groupe de réflexion a été constitué et la mission e-Aviation a vu le jour en 2007 lors du meeting des 100 ans de la plateforme de Toussus le Noble.

L’année passée, c’est plus de 500 jeunes qui ont été accueillis à Toussus. 739 en France entière. Et parmi eux, certains nous l’espérons auront eu un déclic. L’avion fascine toujours autant et certains se découvrent une nouvelle passion. Parfois, des jeunes en échec scolaire prennent ainsi conscience qu’ils ont d’autres compétences que celles qui sont valorisées en classe et reprennent confiance en eux. C’est fabuleux. »